Inspire

Féminisme, maternité & self-care : l’interview de Gaëlle, fondatrice de Manucurist

3 min à lire

Manucurist, c'est une histoire de famille, une collaboration mère-fille devenue une affaire de femmes. Alors, à l’approche de la Fête des Mères, on a eu envie de papoter avec Gaëlle Lebrat-Personnaz, CEO et cofondatrice de Manucurist.

Elle revient pour vous sur la genèse de ce projet qu’elle porte depuis longtemps et confie ses impressions de femme, de mère et d’entrepreneuse très active.

Gaëlle, tu as créé Manucurist en 1996 avec ta mère. Peux-tu nous raconter comment l'idée est née et comment vous l'avez fait grandir ?

Gaëlle | Ma maman a toujours eu une manucure impeccable avec des ongles laqués en rouge magnifiques. Après avoir élevé ses 3 enfants, elle s'est sentie désœuvrée et a souhaité apprendre le métier de manucure. Elle a d'abord travaillé pour des salons de coiffure parisiens jusqu’à ce qu’elle trouve le lieu idéal, place du marché Saint Honoré. C’est comme ça que nous avons créé l’institut Manucurist dédié à la beauté des mains.

De mon côté, j'ai travaillé 15 ans dans la mode tout en l'aidant de loin sur le développement des produits, la communication, etc.

 


Source : The Socialite Family

 

Fin 2016, j'ai repris la société Manucurist à 100% pour développer un nouveau type de vernis et de soins, destinés à toutes les femmes, avec des formules aussi clean et naturelles que possible, sans compromis avec leur efficacité.

Quelles sont les qualités que tu admires le plus chez ta maman ?

Gaëlle | Le courage, la pugnacité, le goût du travail, c’est ce que j’admire particulièrement chez ma mère. Je l'ai toujours entendue me dire que si je voulais être libre en tant que femme, il fallait que je sois indépendante financièrement.

Plus tard, en lisant “Le deuxième sexe” de Simone de Beauvoir, j'ai cru entendre ma mère : "C'est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c'est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète.”

Qu'est-ce que la maternité t'a apporté ?

Gaëlle | Vaste sujet que la maternité ! C’est ambigu : je trouve qu'elle m’a à la fois affaiblie et renforcée. J’ai réalisé que je n’étais plus seule et que j’étais responsable de petits êtres complètement dépendants de moi, ce qui est effrayant car nous perdons la liberté et la légèreté caractéristiques de la jeunesse. Mais, et c’est aussi une vraie force : on comprend que l’on ne fait plus les choses que pour soi. On se sent utile. Cela retire le sentiment de vacuité de l’existence qui était fort chez moi avant.

 


Source : The Socialite Family

Comment fais-tu pour combiner ton rôle de mère de famille avec 5 enfants et tes responsabilités de cheffe d'entreprise ?

Gaëlle | C’est fou ! On ne pose jamais cette question aux hommes dirigeants d'entreprise ou même à n’importe quel homme. Comme si la charge de l'organisation de la famille n'incombait qu'aux femmes. Malheureusement, c’est une réalité dans beaucoup de pays et il reste encore du travail pour atteindre la parité sur ce point, comme sur beaucoup d’autres.

Toute femme, mère et active, a une liste qui tourne en boucle dans sa tête et se renouvelle sans cesse. C’est la fameuse et épuisante “charge mentale”, un terme qui n'est entré dans le Petit Larousse Illustré qu’en 2020...

 


Source : The Socialite Family

 

Je suis, comme toutes ces femmes, souvent débordée, avec ma liste travail/maison qui tourne en boucle. À cela s'ajoute la culpabilité, sentiment ô combien féminin, de ne pas être assez présente pour mes enfants. Mais, avec le temps, j'ai appris que ce n’est pas forcément le nombre d'heures passées avec eux qui comptait mais la qualité des moments partagés avec eux.

Que veux-tu transmettre à tes enfants ?

Gaëlle | Ils sont élevés en ville, à Paris, et je trouve cela un peu triste. Je tiens à leur transmettre le goût de la nature, le jardinage, le nom des fleurs, des arbres… J'essaie de les aider à ressentir le moment présent, le goût des petits riens qui font le sel de la vie. Ils m'imitent souvent en me citant : "On n’est pas bien là ?"

 


Source : The Socialite Family

 

Il y a aussi des valeurs incontournables telles que le respect des autres et le sens du travail sans quoi, rien n'est vraiment possible. À mes filles, je veux transmettre le sens de la beauté pour soi. Qu’elles s'acceptent comme elles sont et utilisent le maquillage pour se sentir plus fortes. Et les garçons, j’aimerais qu’ils deviennent des hommes justes, capables de partager équitablement les tâches à la maison.

Mais ce que je veux qu’ils et elles retiennent par-dessus tout, c'est : “Soyez vous-mêmes, n'essayez pas de faire plaisir, ni à moi ni aux autres, devenez qui vous voulez être”.